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Anandrynes, des fleurs délivrées du mâle

Mon coming out

21 Juillet 2015 , Rédigé par Orchidée Publié dans #les femmes et moi

Mon coming out

Mon intérêt pour les filles au collège provoqua mon isolement volontaire. Les trois mille habitants de notre petite ville se plaisaient dans leur conservatisme. Le silence devint un mur protecteur face aux moqueries. De plus, on apprend à vivre avec soi dans le secret. Pourquoi aurais-je quitté ce placard dans lequel je dissimulai ma personnalité aux regards des autres ? La question ne se posait pas.

Un déménagement pour des raisons professionnelles, au revoir la campagne, notre famille s’installa à Paris. L’intégration d’un lycée dans une si grande ville aurait dû bouleverser mon raisonnement ; de plus, l’intérêt était devenu attirance avec l’âge. Néanmoins, le silence resta de mise, toujours aussi protecteur.

La découverte du quartier du Marais m’offrit la possibilité d’une seconde vie en marge du lycée. Les bars gays attirèrent mon attention. Un trajet en métro ou en bus suffisait à me donner une allure de circonstance à l’aller comme au retour. Quand les camarades ou les parents s’intéressaient à ce que j’avais fait, un « rien » réducteur servait de réponse toute faite.

Il y eu ma première expérience, puis une seconde, d’autres enfin. Ce silence que je pensais protecteur devint à lui seul un mensonge, un handicap. Ne rien dire quand je ne faisais rien ne me posait aucun problème de conscience. Mais dire que je n’avais rien fait alors que c’était faux entraîna la culpabilité, donc un changement d’attitude.

Pas question cependant de mettre les parents dans la confidence. Les pauvres mettaient mes changements d’humeur sur le compte de la puberté et du déménagement, inutile de les détromper. Je ne me sentais pas prête à sortir du placard. Ma personnalité pouvait s’exprimer sans soulever de polémique dans le Marais, à l’abri des regards, cette reconnaissance sociale me suffisait.

Oui mais… la prudence n’est pas l’apanage des jeunes de 17 ans. Draguer à la maison n’était pas de la plus discrétion. Maman rentra à l’improviste, et nous découvrit dans un flirt un peu poussé, sur le canapé devant la télé.

Par chance, les parents m’acceptèrent sans poser de questions embarrassantes. Mon homosexualité devint à cette occasion rien d’autre qu’un fait de vie, ni un sujet de vantardise ni une honte à porter. Je décidai de m’assumer sans crainte, sans ostentation, sachant que ma famille me soutiendra quoiqu’il arrive.

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