Une lesbienne dans l'histoire : La Raucourt

Née à Paris le 3 mars 1756 d’un père comédien, la beauté et le talent de Françoise Raucourt lui permettent d’entrer à la Comédie-Française en 1772, où on la remarque dans les dramaturgies. Emprisonnée pour dettes quatre ans plus tard, elle doit renoncer à son siège de sociétaire de la Comédie.

Celle à qui l’on prête dans sa prime jeunesse une liaison avec Louis XV se fait rapidement connaître par ses amours lesbiens, et n’hésite pas à s’afficher aux bras de ses conquêtes. La comédienne déchue retrouve les planches à la Cour de Louis XVI en devenant la protégée de Marie-Antoinette.

Peu importe si l’amour entre la reine et mademoiselle Raucourt fut physique ou platonique, la thèse de « la secte des anandrynes » naquit à cette époque. Et la liaison supposée fut ajoutée aux accusations qui menèrent Marie-Antoinette à l’échafaud.

Emprisonnée six mois pour manque de ferveur révolutionnaire, la rumeur lancée dans un ouvrage (l’Observateur anglais) en fait la présidente de « la Loge Androgyne », sorte de Loge maçonnique réservée aux femmes.

Françoise Raucourt retrouve furtivement la scène en 1793 avant d’être exilée aux colonies avec d’autres membres de la Comédie-Française. Revenue en France, elle est nommée en 1803 directrice du Théâtre Louvois, et obtient en 1806 une pension de Napoléon qui la place à la tête des théâtres impériaux en Italie.

Partout, et surtout à Milan, mademoiselle Raucourt laissera le souvenir de ses amours féminines jusqu’à son retour à Paris en 1814. Elle y décède le 15 janvier suivant.

Le clergé refusant l’entrée de sa dépouille à l’église St Roch à cause de ses mœurs, la populace force l’entrée de l’édifice afin que mademoiselle Raucourt y reçoive les saints sacrements. Elle est enterrée au cimetière du Père Lachaise.

On publia pour elle « l’Épître à une Jolie Lesbienne ».

Comments

[Cali]

Merci de m'avoir fait découvrir ce personnage intéressant. Tout à coup l'histoire serait nettement plus captivante si on en avait tous les tenants et les aboutissants et non juste ce qui en a fait la gloire de certains.